La Terre frappée par des rayons gamma dans l'année 775
Mercredi 23 Janvier 2013 – Des scientifiques ont récemment découvert des preuves que, vers la fin du VIIIe siècle – en 775 – la Terre a été cible d’un intense bombardement cosmique.
La trace de ce mystérieux événement a été signalée en juin dernier par des chercheurs de l’université de Nagoya (Japon). L’équipe de Fusa Miyake a découvert, dans les anneaux de croissance de deux cèdres du Japon (Cryptomeria japonica) correspondant aux années 774 et 775, une forte et rapide hausse de leur concentration en carbone 14, d’environ 1,2 %. D’autres relevés réalisés sur des arbres d’Amérique du Nord et d’Europe montrent un pic similaire, preuve que le phénomène a touché une bonne partie de l’hémisphère Nord.
Les scientifiques avouent ne pas être en mesure de préciser les causes de cet événement hors norme. Supernova, tempête solaire particulièrement violente ?
Même si un intense rayonnement est survenu il y a 1200 ans sous la forme d’une éruption solaire forte, les chercheurs disent qu’il n’y aurait pas eu assez de rayonnement produit pour laisser derrière ce genre de preuve découverts sur Terre : L’augmentation de 1,2 % enregistrée dans les arbres japonais est, au bas mot, quatre fois supérieure à celles enregistrées lorsque le Soleil est à son maximum d’activité.
Les scientifiques disent aussi que si le soleil était la cause, ça aurait créé des aurores très lumineuses et il n’existe aucune trace historique rapportée de cet événement par les hommes de l’époque.
Cette semaine, deux scientifiques de l’Institut d’astrophysique de l’université d’Iéna (Allemagne) avancent une autre explication. En calculant le rapport entre les traces de béryllium 10 retrouvées en Antarctique et datant de la même époque, avec les concentrations en carbone 14 des cèdres nippons, Valeri Hambaryan et Ralph Neuhäuser estiment que les valeurs correspondent à un «sursaut gamma» de type court.
«Ces phénomènes, dont l’origine n’est bien comprise que depuis quelques années, sont parmi les plus violents de l’Univers, explique Stéphane Corbel, astrophysicien au CEA. On en distingue des longs, qui durent une dizaine de secondes, et des courts (moins de deux secondes). Ces derniers proviennent de la collision entre deux étoiles à neutrons ou deux trous noirs. En s’effondrant l’un sur l’autre, ces objets célestes extrêmement massifs libèrent une énergie phénoménale et des rayons gamma, la forme la plus intense du rayonnement électromagnétique.»
La brièveté de l’émission et le caractère invisible des rayons gamma expliquent également pourquoi l’événement n’a pas été perçu par les hommes de l’époque, soulignent Valeri Hambaryan et Ralph Neuhäuser, qui viennent de publier leurs travaux dans le dernier numéro de la revue de la Royal Astronomical Society britannique.
Les chercheurs disent qu’ils connaissent les collisions de ce type ont eu lieu dans les galaxies lointaines dans les événements passés, mais telles sont extrêmement rares. Un autre membre de l’équipe de recherche indique que si l’éclatement avait été plus proche de la terre, il aurait causé une atteinte importante à la vie sur notre planète.
Aujourd’hui, même à des milliers d’années-lumière, un événement similaire sèmerait le chaos dans les systèmes électroniques très sensibles dont dépendent les sociétés avancées.